La lessive et les souvenirs

En face de l’hôtel, il y a un laundromat, une laverie si tu préfères, et hier je suis allée faire la lessive, et J’ai adoré çà. Parce que c’est çà ma façon d’être à New York, les petits riens, les vieilles habitudes qui ressurgissent, les souvenirs.

Depuis que j’ai dit que je partais à New York, tout le monde me demande ce que je vais voir, ce que je vais faire. La réponse est rien. Je ne veux rien faire de particulier. Je veux juste profiter de vivre ici de nouveau, même si ce n’est que pour quelques jours.

Parce que New York pour moi çà n’est pas la destination de rêve, avec tous ses fabuleux lieux touristiques à voir et à visiter. New York c’est mon ancien chez-moi, mon ex-quotidien. Cet endroit où j’ai travaillé, étudier. New York c’est presque trois années de ma vie, l’endroit qui m’a rendue plus force, plus débrouille, là où je me suis épanouie.

Quand je pense à New York, ceux sont mes souvenirs qui remontent, je ne pense pas à l’Empire State Building, à la statue de la liberté, ou aux musées, je n’y ai jamais mis les pieds, je n’avais ni le temps, ni l’argent.

New York pour moi, c’était survivre. Gagner assez d’argent pour payer les cours, la bouffe et le loyer, prendre assez d’heures de cours pour ne pas perdre mon visa.

Je vivais à Jersey City, moins cher que Manhattan, mais à seulement 15 petites minutes en train, les semaines, c’était toujours pareil; debout à 6h, pour partir à 7h, heure à laquelle mon ex rentrait de sa nuit de boulot, quand il rentrait, souvent il allait directement en cours. Prendre le Path train jusqu’à la 14th rue, puis le L , puis marcher jusqu’à l’appart de mes patrons. Garder le bébé jusqu’à 17h, reprendre le métro, L dans l’autre sens, changer à Union Square, prendre le N, le R ou le Q, jusqu’à Time Square, 42th et 7th avenue, sur la 43th rue, juste à l’angle de ce quartier si touristique, se trouvait mon école, cours de 18h, à 21h. Vers 20h profiter d’une pause pour courir dans Time Square pour acheter à manger, au Sbarro le plus souvent, j’y ai une amie qui y bosse et me fait manger gratis. 21h, reprendre le métro, jusqu’à Hérald Square, puis le path train direction la maison. la plupart du temps, mon ex n’y est pas, il bosse de 19h à 7h du matin. M’occuper des chattes, prendre une douche, et recommencer le lendemain.

Le samedi, aller à la laverie, y rester des heures, faire les courses, retourner à Manhattan le dimanche, juste pour me balader. Rien de précis, pas les moyens de faites des trucs, mais profiter de New York. C’est à cette période là que j’ai mon emploi du temps le plus light de toutes mes années aux Etats Unis, vers la fin j’aurais 3 boulots, dont un le weekend à Manhattan, environ 105 h par semaine, 7 jours sur 7, en plus des cours. Mon boulot à Manhattan, c’était ma bouffée d’oxygène à ce moment-là, garder la fille de multimilliardaires, rien d’autre à faire que de jouer et de me promener avec elle dans la ville.

Je n’ai jamais décidé de partir. Mon père est mort, je suis rentrée m’occuper de ses affaires, j’ai fait une dépression, j’ai perdu mon visa, je n’ai pas réussit à en avoir un autre, et je suis coincée en France depuis.

Mais il n’empêche que je me sens chez moi ici, plus que nulle par ailleurs. C’est ici que je me sens bien. Et aussi étrange que cela puisse paraitre dans un endroit comme celui-ci, je n’ai pas envie de faire du tourisme. Je pourrais aller visiter des trucs, mais j’aurais l’impression de perdre le temps précieux que j’ai ici. Les musées, les statues, ce n’est pas mon New York, çà n’est pas le New York que je connais.

J’ai envie d’aller faire la lessive, de retrouver l’odeur du Tide, la lessive qu’ils y vendent, mélangée à la chaleur des sèches-linges. De plier mon linge en discutant avec des New Yorkais entrain de faire la même chose, comme avant. De n’avoir jamais assez de quarters pour mettre dans les machine, de demander de la monnaie aux gens.

J’ai envie d’aller au supermarché, retrouver les produits que je connais et que j’aime, et pour entendre la caissière, me demander comment je vais, et si j’ai trouvé tout ce qu’il me fallait avec cet accent New Yorkais qui me manque tellement.

J’ai envie d’aller à Central Park, pour voir le banc où j’ai un jour pleurer si longtemps. Remonter et redescendre la 7th avenue, comme je le faisais si souvent.

J’ai envie d’aller voir si les restos que j’aimais, avoir un pincement de coeur s’ils ne sont plus là, et y entrer s’ils y sont encore.

J’ai envie de marcher sans but, pendant des heures, parce que c’est ce que je faisais tous les weekends.

J’ai envie d’aller dans les parcs où j’allais avec les enfants que je gardais, mais avec mon fils cette fois, parler avec les nanny.

J’ai envie de manger dans les deli, dans les diners, cette nourriture qui me manque tant en France.

J’ai envie de prendre le métro, pour constater que le vent sur mon visage quand le train arrive, a toujours la même odeur.

J’ai envie de New York, pas de tourisme.

J’ai envie de mon New York, de m’en imprégner, d’un voyage dans le temps, de retrouver mes habitudes, de profiter de me réveiller et de n’endormir pendant quelques jours dans cet endroit qui me manque tellement.

 

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13 réponses à “La lessive et les souvenirs

  1. Je suis très voyage … mais j’adorerais vivre new york comme tu le décris. si je pouvais, si un jour … je peux j’irais à new york faire ma touriste une fois … et une autre fois pour y vivre … plusieurs mois. ce qui ça reste déjà moins probable ! peut être dans une autre vie !

  2. ton article me parle…. je pourrais dire la même chose pour la …. Martinique! et j’ai l’impression que c’est la 1ère fois que quelqu’un ressent la même chose que moi!
    Bon, depuis, j’ai rencontré mon homme (non martiniquais!), qui n’aime pas la Martinique au point d’y vivre (et puis c’était mon projet avant lui et nous), nous avons eu 2 enfants et cet hiver, c’était le 1er où je n’étais pas nostalgique de la Martinique et mon dernier voyage remonte à 2007!
    pour moi aussi, cette île c’est mon chez moi, là où je suis devenue adulte!
    bises

    • moi je suis toujours aussi nostalgique , j’ai toujours autant le mal du pays, et c’est vrai que je ne trouve pas grand monde qui comprenne 🙂

  3. j’aime beaucoup te lire, ta façon d’écrire les choses 🙂
    Profites bien de ce séjour amplement mérité !
    Au plaisir de te lire à nouveau
    des bisousssssssss

  4. Profite ça f du bien! Je ne sui jms aller à new york mais je voyage un peu grâce à toi cet semaine. Merci!!!

  5. J’ai pareil mais avec Paris. Mais perso je suis fan de musées, de tout en fait, d’Histoire, et tout ça. Bon les States ça ne me tente pas du tout, mais bon ça chacun son truc ^^

  6. profite en bien et un jours tu y retourneras définitivement, originaire de Paris et exilé en bretagne à l’age de 8ans, je suis retourné à la capitale a 20 ans pour travaillé mais je ne me suis plus jamais sentie chez moi… Et me revoila en bretagne et heureuse depuis 4 ans maintenant..

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